Joyau du patrimoine architectural de l’Aunis, le château de Buzay s’élève sur des terres qui sont au Moyen Age une possession de l’abbaye de Buzay près de Nantes, en Loire-Atlantique, d’où le nom du lieu-dit.

 Après bien des mutations, ces terres sont acquises par Pierre Harouard (en 1686) aïeul d’une famille qui s’illustra à La Rochelle dans le monde des finances, de la justice et des affaires maritimes. Son petit-fils, Pierre-Etienne Harouard, fils d’armateur et Lieutenant général de l’amirauté, fait poser la première pierre de Buzay, le 1er mai 1771, par sa fille Maire Louise Henriette alors âgée de 3 ans. Celle-ci épouse seize ans plus tard un jeune officier, Etienne-Pierre de Montbron : ils sont les ancêtres des actuels propriétaires.

Les plans initiaux sont dus à l’architecte Ducret et Jacques-Ange Gabriel y a peut-être mis sa touche. Entre la cour et le jardin, l’avant-corps central est flanqué de deux ailes et de deux pavillons en saillie. Côté cour se dresse un portique fait de deux colonnes galbées et de deux pilastres encastrés. Le fronton comporte les armoiries des Harouard et de Marie-Agathe Petit du Petitval qui a épouse Pierre-Etienne en 1765. Sous le portique on peut voir des guirlandes de fleurs enrubannées. Côté jardin, un avant-corps est composé de quatre pilastres ioniques. Le fronton présente une allégorie : une horloge (factice) dans un décor marin.

A l’intérieur, on peut admirer un escalier avec une belle rampe en fer forgé de Paul Robert, des boiseries « rocaille » exécutées par des menuisiers rochelais, les Chevalier père et fils, du mobilier, des portraits de famille ainsi qu’une tapisserie d’Aubusson représentant le triomphe d’Alexandre le Grand sur Darius roi des Perses. Les œuvres du peintre-vitrier Lacroix ont été réalisées avec le concours du miroitier Fournial et du menuisier Duburgard. Les cheminées en marbre proviennent d’Italie et les bronzes de Paris.

Pendant la Révolution, à l’arrestation du propriétaire au nom de la loi des suspects, les vignerons de La Jarne prirent le château sous leur protection. Il ne subit aucun dommage.

A la nouvelle de la réquisition du château par les Allemands en novembre 1940, spontanément, la population de La Jarne se présenta en foule pour se mettre à la disposition de Madame de Montbron. Les meubles furent dispersés puis intégralement restitués à la fin des hostilités avec la même spontanéité. A la fin de la guerre, la reddition du camp de La Jarne fut signée dans le grand salon de Buzay.